mardi 19 juillet 2016

Ostland - David Thomas

9/10
Berlin, 1941. Le jeune et ambitieux Georg Heuser entre dans la police en tant qu'inspecteur à la brigade criminelle. Il est rapidement affecté à la traque d'un tueur en série qui terrorise la ville. Sous la tutelle de son supérieur et mentor, il affirme ses dons d'enquêteur, apprend la loyauté envers ses collègues et se jure d'œuvrer toujours au service des innocents. Jusqu'au jour où, pour le féliciter, on le promeut au sein de la SS. Envoyé à Minsk, Georg va prendre en charge l'arrivée des convois de déportés juifs et l'organisation du ghetto. Soucieux de plaire à sa hiérarchie, il obéit aux ordres et s'interdit de penser au crime odieux auquel il est en train de participer. Mais peut-on rester dans cet état d'insensibilité lorsqu'on devient soi-même le monstre qu'on s'est toujours promis de poursuivre ? Dérangeant et poignant. Un thriller, inspiré d'une histoire vraie, qui pose une question extrêmement délicate, celle de la responsabilité.

Cela fait un petit moment que je n'ai pas écrit de review... La fainéantise, que voulez-vous. Je me suis achetée un petit cahier sympa pour jeter quelques notes sur mes livres sur le papier, histoire de ne pas perdre mes idées :


J'ai finis de lire Ostland en février, du coup mes souvenirs sont un peu flous, même si j'ai écris ma review sur un cahier - sinon ça serait pire.
J'ai eu aussi envie de donner une note à mes livres, histoire d'annoncer la couleur, mais c'est marrant parce que de toute façon je n'écris que sur les livres qui m'ont plus (je ne finis même pas les autres... ce qui est con puisque je pourrais expliquer pourquoi ils ne m'ont pas plu) du coup les notes ne pourront être que hautes ^^

Bref, donc Ostland. Je ne sais pas trop à quel moment de ma lecture j'ai basculé dans l'obsession avec ce livre. A quel moment le refermer pour revenir à la vie réelle est devenu une torture. Je l'ai acheté par hasard, parce que la couverture m'a attirée et le résumé plus encore - ma fameuse fascination pour tout ce qui touche à la Seconde Guerre Mondiale. Je ne connaissais ni l'auteur ni le protagoniste, Georg Heuser, véritable inspecteur à Berlin en 1941 et qui va peu à peu basculer dans la monstruosité à partir du moment où on le promeut au sein de la SS. David Thomas met son talent de conteur au service de l'histoire fascinante et terrifiante de Heuser. J'ai terminé ce livre un soir tard, incapable comme je l'étais de le lâcher tant j'étais absorbée par le récit, les mots ensorcelants de l'auteur, la captivante descente aux enfers du protagoniste, et lorsque j'ai eu fini le bouquin, j'étais tellement impressionnée que même la pénombre inoffensive de ma maison me semblait menaçante, cachant les mêmes monstres dont je venais de lire l'histoire. Je suis assez impressionnable en général mais c'est dire le talent de l'auteur, véritable sorcier des mots !

Thomas a travaillé sur deux fronts : le récit de Heuser à la première personne, et celui du travail effectué par Paula et Kraus dans les années 50 pour le faire condamné. Le fait que l'on connaisse la vie de Heuser par sa propre bouche donne un point de vue intéressant. L'enquête de Paula et Kraus met en lumière les dilemme de l'Allemagne des années 50 qui divisait les tentatives du pays pour gérer les horreurs nazies. Oublier, se souvenir... Condamner, laisser le passé là où il est... D'intéressantes questions posées par cette partie.

Le lecteur commence donc par suivre le jeune Georg Heuser, tout frais arrivé au sein d'une brigade criminelle. Il trouve assez rapidement ses marques et il commence la traque d'un tueur en série qui sévit dans le train et qui assassine des femmes seules. Cette première partie sous forme d'enquête m'a paru un peu longue, voir ennuyeuse parfois - une procédure policière sans réel suspense. Mais il faut s'accrocher car c'est cette partie qui fait en quelque sorte "ressortir" la suivante - le plongeon SS de Heuser - qui la rend encore plus horrible et dérangeante. Durant l'enquête, Heuser est un flic bon, intelligent, tout entier dévoué à débarrasser Berlin d'un tueur. C'est la partie de sa vie où on voit un personnage bon, aimé et aimant, par contraste avec la noirceur de la seconde partie. Heuser pense ce que tout le monde aurait pensé à sa place : comment peut-on à ce point mérpiser la vie humaine ? Comment peut-on être capable de telles atrocités ?
Et puis, après la fin de la traque, Heuser est promu au sein de la SS et muté à Minsk. C'est l'horreur qui commence, avec les convois de Juifs qui arrivent et qu'il faut "traiter"... Le récit à la première personne prend toute son importance et son intérêt ici. On peut penser que Heuser tenterait de minimiser son implication dans l'Holocauste, justifier ses actes. En fait, cette espèce de biographie macabre est très lucide. Heuser devient peu à peu le monstre qu'il a mis tant d'efforts à poursuivre... C'est assez fascinant de le voir changer, pare qu'on n'imagine pas qu'on puisse passer d'une ligne de conduite si droite à une descente aux enfers si brutale. Heuser et ses camarades noient leur conscience dans l'alcool pour supporter...

J'adore ce genre de livres qui fait réfléchir son lecteur et lui retourne le cerveau. La question centrale du livre reste celle de la responsabilité : qui la porte ? Les chefs, les soldats, les deux ? Avaient-ils vraiment le choix, ces soldats... Tuer ou être tué ? Comment comprendre ces soldats qui ne faisaient qu'obéir aux ordres parce qu'ils pensaient que ce qu'on leur demandais de faire était nécessaire, et qui se sont retrouvés écrasés par le rouleau compresseur nazi qui faisait d'hommes bons et ordinaires des tueurs ? Et celle qui m'a le plus secouée : aurions-nous agi différemment, à la place de Heuser ?

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